Une journée dans l’Orléanais chez Reynald Héaulé…

On ne remerciera jamais assez la providence de nous avoir parachutés comme cavistes et passionnés de vin en l’an de grâce 2014. Imaginez la même chose dans les années 70: à part les vins de Bordeaux, de Bourgogne et quelques farfelus isolés, point de salut dans le verre. Ce truisme nous est venu sur la route vers Cléry-Saint-André, un patelin à une quinzaine de kilomètres d’Orléans, en direction de Blois (soit dit en passant Louis XI repose dans l’église de Cléry, un des seuls rois à ne pas reposer dans la Basilique de Saint-Denis, information qui vaut son pesant d’or au « Trivial Pursuit ») . Qui aurait cru trouver des vignes dans une région vouée à la culture céréalière?

Reynald Héaulé a eu le nez creux en s’installant dans la région en 2002. Après des études à Bordeaux (histoire d’apprendre ce qu’il ne faut pas faire…) puis des séjours chez « les bons », il a atterri chez Claude Courtois en Sologne.

Pour joindre Reynald, nous aurions mieux fait de contacter le ministère de l’agriculture car Reynald passe le plus clair de son temps dans son vignoble. Un vigneron passionné et exigeant travaillant un grand terroir, ça vaut forcément le détour.

Les vignes de Reynald (2 hectares) s’étendent  autour du village, à l’exception d’un clos planté en Chardonnay sur la rive droite. Il croit dur comme fer à l’assemblage et à la notion de terroir qui prend le dessus au vieillissement. D’ailleurs la dégustation au chai suivie de millésimes plus vieux en bouteilles est révélatrice. Dans le premier cas les vins ont un fruit éclatant et une finesse à faire pâlir un paquet de Bourgognes. Avec l’âge les vins gagnent en profondeur et en complexité.

En passant à table nous avons goûté l’insoumis 2009 et 2010 ainsi que sa cuvée Éclats de Silice 2006 (rebaptisée depuis « Terre de Silice »). L’Insoumis est un assemblage de huit cépages, avec une dominante de Cabernet Franc et un soupçon de Côt, Gascon, Pinot d’Aunis, Pinot Gris… Le 2009 est encore jeune avec un caractère solaire sur des notes épicées. Le 2010 est d’une incroyable finesse et fait penser à un grand Pinot Noir. Bref, le genre de bouteille qui peut créer la surprise dans une dégustation de vins de Bourgogne.

Mais le vin le plus sidérant reste l’éclat de silice 2006, un vin d’une complexité et d’une finesse à couper le souffle. A l’ouverture le vin libère des arômes d’un grand Riesling, avec ces notes légèrement « pétrolées ». Au bout d’une heure les notes de silex et d’herbes coupées prennent le dessus avec une minéralité, une finesse et une élégance à se damner. Il n’y a aucun doute: nous jouons dans la cour des Overnoy, Ganevat, Leroy et autres très grands blancs. Reynald nous a signalé que l’acidité de ce vin le rendait imbuvable les deux premières années mais qu’il s’était bien remis de ses défauts de jeunesse. On ajouterait même très bien remis! La cuvée Terre de Silice 2010 est au moins aussi impressionnante que le 2006, quoique plus « réservée » à ce stade. Reynald pense que ce vin ira encore plus loin que le 2006… Avis aux amateurs!

                    

Reynald nous fait penser à un autre jeune vigneron, Benoît Courault, de Faye d’Anjou. Tous les deux ont une exigence et une rigueur alliées à une capacité gustative hors du commun et sont très critiques vis-à-vis de leurs propre travail. En visitant ses vignes, Reynald nous a avoué qu’il n’était pas content de la végétation et qu’il semait en ce moment un mélange de trèfle et de moutarde pour enrichir ses sols. Quand il parle de SO2, il refuse tout dogmatisme. Pour lui, la vérité se trouve aux alentours de 20 mg/litre en SO2 total, tant dire des doses très basses impossibles à détecter lors d’une dégustation. Bref, il fait partie des vignerons curieux et acharnés qui se remettent tout le temps en question. Ce trait de caractère et la dégustation des vins nous font dire qu’il ira loin… très loin!

Dernier détail qui a son importance: le rapport qualité-prix. Pour le prix de deux bouteilles de Tariquet Premières Grives vous aurez un Éclat de Silice, un vin infiniment plus grand…avec des lendemains infiniment moins compliqués.

En ce moment Mi-Fugue Mi-Raisin vous propose les cuvées suivantes du domaine:

L’Atypique rouge: assemblage de Pinot, Gamay, Côt et Pinot Meunier. Un superbe vin de soif sur le fruit.

L’Insoumis 2009 et 2010: huit cépages (Cabernet Franc, Côt, Gascon, Aunis Pinot Gris…) sur des sols de silice.

Terre de Silice 2010: assemblage de Menu Pinot, Chardonnay, Pinot Gris et Sauvignon. Un immense vin d’une très grande complexité!

Silice en bulles: un 2010 gardé sur lattes quatre ans! Une bulle d’apéritif ou de repas,  ample et complexe.

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