Les vins d’Imanol Garay…

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Voici un nom peu connu mais facilement reconnaissable: Imanol Garay. Retenez-le car pour l’instant ce vigneron fait couler très peu de vin mais risque de faire couler beaucoup d’encre.

L’histoire du vin naturel peut aussi être abordée sous l’angle de préjugés qui tombent. Certains amateurs se rappelleront l’époque de la découverte des  Gamays de Jules Chauvet, Foillard ou Yvon Métras. On était pour le moins perplexes devant ces incroyables breuvages. Nous savons aujourd’hui qu’il s’agit d’un des plus grands cépages et depuis, une horde de jeunes vignerons nous a appris que le Cabernet Franc, le Pineau d’Aunis, le Malbec, le Fer Servadou  ou Merlot pouvaient être de grands cépages. La liste n’est pas exhaustive et les amateurs ont compris qu’il ne fallait jamais dénigrer un cépage, que c’était une question de temps avant qu’un vigneron comprenne l’adéquation entre le cépage et le sol, expérimente d’autres types de vinification et finisse par élargir l’éventail de nos plaisirs.

Prenons (au hasard!) le Tannat. Vous savez, ce cépage rustique et tannique servant à vinifier le Madiran. Les amateurs cyniques disent qu’il faut trois bras quand on boit un Madiran: un pour tenir le verre et deux pour s’agripper au bord de la table…  Sauf que lorsqu’on boit un Madiran d’Imanol Garay, on comprend le sens des mots finesse, élégance, gourmandise et buvabilité.

                                   

Qui dit Madiran dit Pacherenc-du-vic-bilh, le blanc de la région produit à base de Gros (ou Petit) Manseng et de (Petit) Courbu. Là non plus vous ne ferez pas sensation en apportant une bouteille de Pacherenc-du-vic-bilh dans une soirée entre copains…

Imanol Garay produit une cuvée de blanc à base de Petit Courbu et de Petit Manseng, un vin improbable d’une finesse, complexité et élégance à bluffer tout amateur de grands blancs.

Sa production est plus que confidentielle : 50 ares de rouge et 40 ares de blanc sur des sols de sables et de gravettes (petits galets). Avec moins d’un hectare, vous ne risquez pas d’en trouver dans les foires aux vins…

Deuxième précision: Imanol est négociant et achète donc son raisin. Jusqu’à présent il travaillait à la tonnellerie d’Adour (et vendait des tonneaux à Richard Leroy entre autres). Depuis, il compte s’occuper lui-même des vignes et vient d’acquérir 75 ares  d’Irouléguy. Imanol est insatiable car il est aussi tombé amoureux de terroir de Navarre produisant des Grenaches exceptionnels et vinifie depuis peu une cuvée baptisée « Calndestinus ».

Mi-Fugue Mi-Raisin a été conquis par ses vins dès le premier millésime (l’année dernière). A l’époque les choses étaient simples car  il y avait deux cuvées: le Madiran « Abiatu » 2012, à la fois riche, puissant mais possédant une trame d’une incroyable élégance… et le blanc « Ixilune » 2013 (prononcer: « Itchi Louné »), un blanc du sud-ouest d’une minéralité, d’une puissance et d’une finesse à vous couper le souffle. Bref, un vin que vous pourriez allègrement placer dans une dégustation de grands Chenins.

Imanol est mu par une curiosité sans limites. Il faut le suivre, mais nous pensons que cela vaut largement la peine ! Après avoir goûté ses nouvelles cuvées d’Abiatu 2014 (le plus beau Madiran qu’il nous fût donné de goûter) et l’Ixilune plus large que le millésime précédent mais avec un équilibre et une fraîcheur dignes des plus grands vins blanc de Loire, nous sommes passés à ses cuvées plus « originales », notamment le même Madiran Abiatu 2014 élevé cinq mois supplémentaires en amphores en grès… et qui sera mis en amphores d’une contenance d’un litre et demi! L’idée est d’offrir au client la possibilité de continuer l’élevage lui-même car l’amphore est beaucoup plus poreuse qu’un bouchon, permettant au vin de respirer et selon lui de s’affiner. Le vin dégusté après quelques mois d’élevage en amphores (et donc avant sa « mise en amphores ») possède une finesse et une élégance encore plus marquées que la cuvée « normale ». Bref, un très grand Madiran qui possède une personnalité et une classe folles… Mais – c’était prévisible –  il n’y aura malheureusement quelques dizaines d’amphores. Imanol nous a fait goûter la cuvée « Cladestinum », qui n’est autre que son Grenache « Clandestinus » élevé 5 mois supplémentaires en amphores (vous suivez toujours?…). On retrouve cette finesse  et cette minéralité typiques des vins élevés en amphores.

Comme Fabien Jouves, Stéphane Lucas ou Vincent Alexis (Barouillet), Imanol Garay fait partie des jeunes vignerons qui nous  donnent envie de boire des vins du sud-ouest. Un grand merci!!!

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