J’en ai rêvé, Emmanuel Brochet l’a fait….

      

« 5290 bouteilles produites »… C’est ce que vous pourrez lire sur l’étiquette de ce Champagne que 99,99% d’entre vous ne connaissent pas. Et pour cause: Emmanuel Brochet n’élabore qu’une seule cuvée, « Le Mont Benoît Premier Cru » (il a abandonné sa cuvée « Empreinte »). Vous vous posez sans doute la question pertinente de savoir comment on peut vivre de la vente de 5290 bouteille par an, à moins de proposer la bouteille à 1000 euros. Pour expliquer cet étrange phénomène, un bref aperçu de la région s’impose.

Depuis quelques années les amateurs de vin assistent à une révolution qui pour la première fois dans l’histoire de l’humanité profitera véritablement au peuple: derrière la façade paisible des « grandes maisons »  des jeunes vignerons talentueux poussent au portillon pour promouvoir la notion de terroir et démontrer que le Champagne n’est pas uniquement un breuvage à bulles créé pour fêter un événement. C’est une chose de le faire dans un région où l’hectare est à 1500 euros, mais c’est une autre paire de manches de le faire dans une région où l’hectare dépasse le million d’euros. Alors forcément les « grandes marques » représentent plus de 80% du marché et un jeune vigneron désirant s’installer sur la côte des Blancs ou la montagne de Reims est prié d’aller voir ailleurs… à moins de louer une parcelle. Ces contrats de fermage sauvent les jeunes vignerons  en leur permettant de vendre une partie de la récolte aux grandes maisons (le « loyer ») et d’élaborer des vins de rêve sur un domaine viable.

Ces vignerons engagés produisent des vins de plus en plus secs tout en étant plus fins et fruités, reflétant le millésime et le terroir. Les « grandes maisons » vous expliquent qu’ils cherchent à créer un goût « maison » identifiable que vous trouverez sur chaque cuvée et à chaque dîner de Noël. Quand on produit plus de 30 millions de bouteilles (Moët et Chandon), on achète beaucoup de raisin partout, pas forcément de la meilleure qualité et encore moins à la bonne maturité. Au moment du dégorgement le Champagne est « généreusement » dosé pour masquer le manque de maturité et pour le standardiser. Mais les amateurs ne se font plus prendre au piège et recherchent des vins certes avec des bulles, mais avec une forte identité.

     

Emmanuel Brochet a eu la chance de récupérer de ses parents une parcelle de 2.5 hectares louée auparavant à d’autres vignerons. Il est donc le premier vigneron de la famille et n’est pas lié par un contrat de fermage. Son approche et sa philosophie font penser à un autre vigneron, Richard Leroy: les deux sont passionnés et préfèrent vivre simplement tout en élaborant des vins de rêve. Leur  priorité est de rentrer des raisins sains et équilibrés leur permettant d’aller le plus loin possible dans la vinification.

La parcelle est située à quelques kilomètres à l’ouest de Reims, sur des sols argilo-limoneux en surface et crayeux en sous-sols. On obtient donc des vins secs d’une grande minéralité, mais avec un très beau fruit. Paradoxalement, on est  à la fois sur un Champagne d’esthète, précis, minéral, pur  et sur un vin de (grand!) plaisir.

Voici donc notre chouchou le plus récent, un superbe Champagne d’une grande pureté à un rapport qualité-prix juste hallucinant. Le seul hic: avec une production aussi limitée, nous n’avons obtenu que…60 bouteilles par an!

 

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