Les salons de vins de Loire…Edition 2018

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Comme chaque année, Mi-Fugue Mi-Raisin s’est rendu dans la Loire pour un marathon de trois jours à l’occasion de la 19ème édition de la Dive Bouteille, Le salon St Jean, Les Pénitentes et, last but not least, les Anonymes. Nous aurions pu transformer le marathon en triathlon en incluant la levée de la Loire, mais nos pieds enflés et nos papilles saturées ne nous l’ont pas permis…

Le millésime 2018 des salons de Loire est marqué par une forte solidarité entre vignerons. Quand on partage la même éthique et le même respect de l’environnement, on a plus facilement tendance à partager ses raisins. Cette « gestion de la pénurie » a permis à de nombreux vignerons du nord de s’en sortir et de proposer des cuvées originales de Syrah, Grenache ou Marsanne vinifiées à plusieurs centaines de kilomètres.

Deuxième constat: année après année on note une plus grande maîtrise dans l’élaboration des vins « naturels ». Au niveau du choix on ne sait plus où donner de la tête et la dégustation de vins étrangers époustouflants nous confirme dans l’idée que la France se fait âprement disputer son titre de reine des vins naturels…

Voici, en vrac, quelques belles émotions gustatives.

Le Salon St Jean. Julien Guillot du domaine des Vignes du Maynes nous a habitués à des vins d’une grande pureté. Le Mâcon Cruzille Aragonite 2017 ne déroge pas à la règle: un vin pur, fin élégant, ciselé. Sa cuvée de Gamay à petits grains, Manganite, est à la fois profond, minéral avec des notes épicées. Bref, un grand rouge du Mâconnais. Chez Alice et Olivier de Moor (Courgis), même combat: les vins ont atteint une incroyable pureté et  élégance. Notre chouchou: l’Aligoté Vieilles Vignes 2015, d’une grande complexité mais qui se boit comme de l’eau. Les Champagnes de Benoît Marguet (Ambonnay) sans dosage et sans SO2 d’une (très!) grande buvabilité révèlent toute la complexité du terroir. Mention spéciale pour l’Ambonnay 2011, un Chardonnay- Pinot noir minéral et pur. Dans le Jura (notre talon d’Achille) Stéphane Tissot a créé l’émeute en faisant déguster cinq vins jaunes 2011 issus de terroirs différents… De quoi convaincre les plus sceptiques que le terroir est omniprésent dans un vin jaune et que l’on n’a pas que le « goût de noix ». Julien Mareschal (domaine de la Borde) faisait déguster (entre autres) un Ploussard (Plou Plou pour les intimes) 2016 aussi gourmand et fruité qu’une grenadine. Plus au sud, Fabien Jouves (cahors) nous démontre encore et toujours que le Cahors, ce n’est pas que du bois et des tannins. Sa cuvée Amphores 2016 est tout simplement grandissime, avec une minéralité et une fraîcheur à couper le souffle.

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Aux Pénitentes, on a retrouvé à peu de choses près la même équipe gagnante. Dominique Belluard continue sur sa lancée: des vins (sans SO2 ajouté) d’une pureté et d’une complexité qui hissent le Gringet au sommet des grands blancs (normal quand on est au pied du Mont Blanc!). Le Feu 2016, puissant, pur, minéral est une des grandes émotions de ce week-end. Nous nous demandons toujours comment Jean-François Nicq (les Foulards Rouges) arrive à emmagasiner autant de fruit dans sa cuvée de Grenache Les Glaneuses 2017. Idem pour Nicolas Renaud (Les Grillons) avec sa cuvée Les Calcaires, une macération carbonique de Grenache à boire (presque) sans modération. Les dégustateurs oublient parfois que Benoît Courault (Faye d’Anjou) est un des plus grands vinificateurs de Chenin. Sa cuvée Les Guinechiens 2013 nous le rappelle: un très grand Chenin, minéral avec des notes fumées. En Alsace, les vins de Patrick Meyer nous émerveillent à chaque fois, avec notamment un Sylvaner de voile 2000, fin et puissant (oui, c’est possible!), long, complexe… bref, un vin de voile qui ferait pâlir pas mal de « jaunes ». Côté vins étrangers nous avons eu deux coups de cœur: le domaine Juan Mathias Torres aux Canaries (Las Palmas), avec des vins de haute volée vinifiés par sa fille, Victoria. Mettez un Malvasia Aromatica N°3 dans une dégustation à l’aveugle et vous risquez de créer la surprise. Un vin d’une grande complexité sur un terroir volcanique. Chez Escoda-Sanhuja (Tarragone), la cuvée Els Bassots 2016, un  Chenin de macération vous emmène directement chez les meilleurs angevins au niveau de la pureté et de la complexité.

 

Les vignerons présents aux Anonymes ne sont finalement plus si anonymes que ça… Julie Balagny, vigneronne engagée et (hyper) talentueuse nous a fait goûter un Fleurie En Rémont 2016 d’une grande finesse avec un fruit envoûtant. Oui, le Gamay est un des plus grands cépages du monde! Aldo Viola, notre vigneron préféré de Sicile, nous a servi un Krimiso 2016 à base de Catarratto , un vin que nous connaissons bien mais que nous buvons et rebuvons avec plaisir tellement il est fin, minéral et pur. Très belle découverte sur ce salon, un jeune couple récemment installé dans le Roussillon à Banyuls-sur-mer, Hiromi et Rié Shoji. Leur cuvée de Grenache sur schistes est d’une complexité et d’une profondeur sidérantes! Une des très grandes bouteilles de ce week-end. Chapeau pour un premier millésime!

Il faudrait (au moins) trois jours pour arpenter la Dive Bouteille, sans compter qu’on se perd facilement dans le labyrinthe des caves Ackerman. Commençons (au hasard…) par le Jura . Les derniers millésimes de Loreline Laborde des Granges Paquenesses nous laissent sans voix: des vins d’une complexité et d’une pureté dignes des plus grand vins de cette belle région, à commencer par un Crémant de Chardonnay 2015 pris sur fût d’une tension et d’une énergie de folie. Son Chardonnay 2016 La Mamette ainsi que son Savagnin La Pierre 2015 possèdent une fraîcheur et une tension qui vous font oublier  la cohue environnante de la Dive. Jean-Baptiste Menigoz (Les Bottes Rouges) joue sur tous les tableaux: certaines cuvées d’une gourmandise à se damner (son Pinot Noir La Pépée 2016!) et d’autres d’une grande profondeur (Gibus, un Trousseau soyeux, épicé). Un de nos chouchous du Jura. Anne Ganevat (SAS Anne et Fanfan Ganevat)  proposait des Chardonnay de leur négoce qui redéfinissent la notion de négoce! Des vins purs, fins, précis, reflétant les terroirs du coin. Le Chardonnay La Clavière nous a bluffés, avec ses notes d’agrumes et sa longueur (quasi) infinie.  En Alsace Jean-Pierre Rietsch prouve, s’il en était besoin, que l’on peut faire des vins sans SO2 ajouté minéraux, vifs et précis. Sa cuvée Les Demoiselles 2017, un Gewurtzraminer macéré pendant trois semaines est un très bel exemple de fruit, de finesse et de fraîcheur. En Champagne Ruppert-Leroy persistent et signent…de superbes cuvées, notamment Les Cognaux 2014, un Pinot Noir sur marnes grises d’une grande élégance. Dans la Loire, les vins d’Alexandre Bain (Pouilly Fumé) sortent du lot des vins de l’appellation… qui le lui a fait sentir! Peu importe, les vins sont toujours aussi géniaux, avec une sublime Pierre Précieuse 2015. Les Cheverny de Christian Venier sont toujours aussi gourmands et fruités. Christian reste pour nous l’exemple du domaine au rapport qualité-prix-plaisir imbattable. En Ardèche Béatrice et Hervé Souhaut remportent certainement la palme de la constance: si vous voulez savoir comment on fait d’aussi grands vins depuis si longtemps, allez les voir! Leurs 2017 ne font pas exception: un Gamay (La Souteronne), fin et épicé et des Syrah d’une profondeur et d’un soyeux inoubliables (Ah la cuvée Sainte Epine 2017!!) .

 

La liste et longue mais afin de na pas lasser nos lecteurs(-trices) nous évoquerons brièvement nos autres coups de cœur (liste non exhaustive!): Champagne Val Frison (cuvée Portlandia); Didier Barral (Valinière);  Saillard (cuvée Lucky You), Champagne Laval (Les Longues Violes 2012); Champagne Benoît Lahaye (cuvée Pinot Noir); Thomas Pico (Chablis 1er cru Les Vaillons 2015); Julien Peyras (Lo Tarral 2016); Pierrre Cotton (Côte de Brouilly 2016)…

On sort rassuré de l’édition 2018 des salons de Loire: il y aura largement de quoi boire… et du très bon!

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