…devise qui signifie « on ne lâche rien! » en occitan. Derrière la personne affable, joviale et discrète se cache en effet un vigneron déterminé… à produire les vins les plus purs et authentiques de la région (l’Auvergne), voire de France et de Navarre. Comme pour beaucoup de vignerons qui n’ont pas hérité d’un domaine, l’histoire de Stéphan Elzière est pour le moins singulière. Au début son ambition était de devenir paysan afin d’être en contact avec dame Nature. Pour notre plus grand bonheur il n’a pas choisi d’être maraîcher même si nous ne rechignons pas à manger à l’occasion un bon plat de légumes. Nous avons donc eu de la chance… Et Stéphan aussi car il a pu s’installer en 2002 dans le Cantal puis acquérir six ans plus tard le domaine de Philippe Grenier, un vigneron qui travaillait dans le respect de la nature. Il a donc hérité d’une vigne saine et de cépages originaux et variés pour la région: Gamay, Petite Syrah, Pinot Noir, Chardonnay, Chardonnay Musqué, Côt, Abouriou et… Gewurtzraminer!
Stéphan Elzière est basé à Molompize, petite commune d’Auvergne « stratégiquement » située à la frontière du Puy-de-Dôme, du Cantal et de la Haute Loire. Cela lui permet d’exploiter deux parcelles dans le Cantal et le Puy-de-Dôme.
Nous sommes aussi chanceux que Stéphan car la région ne grouille pas de vignerons, loin de là. Si un lecteur de ce blog arrive à nous citer ne serait-ce que cinq vignerons de la région (sans tricher!) nous lui décernerons une médaille. Il est donc facile de prétendre au titre de meilleur vigneron de la région quand vous en avez trois qui se battent en duel… Sauf que les vins de Stéphan Elzière soutiennent sans problème la comparaison avec les meilleurs nectars de Loire, Beaujolais, Ardèche et autres régions viticoles. Cela peut sembler louche pour les amateurs de vins naturels habitués au bouche-à-oreille et qui sont au courant de tout ce qui se fait de bon dans le domaine. En fait, depuis son installation en 2002, Stéphan cultive avec amour ses 2.8 hectares de vignes et cherche à privilégier les circuits courts, ou si vous préférez la consommation locale.
Stéphan Elzière suit donc son bonhomme de chemin (dans les vignes) sans se soucier du marché parisien ou londonien.
Il produit sept cuvées, ce qui peut paraître énorme pour une exploitation d’à peine trois hectares. Pour faire simple, sa production se répartit comme suit:
- 75 ares de vignes dans le Cantal, produisant la cuvée « Palhàs » (signifiant « terrasse ») à base de Gamay (40%), Pinot Noir (30%), Petite Syrah (10%), Côt (10%) et Abouriou (10%).
- Le reste dans le Puy-de-Dôme venant d’une parcelle orientée sud-ouest baptisée « Badoulin », allant de la simple cuvée Badoulin à la cuvée Améthyste (Gamay, Syrah, Pinot Noir) en passant par un 100% Pinot Noir… et les blancs: une cuvée de Chardonnay et le fameux « N’importenawak » composé de Chardo, Chardo musqué et Gewurtzraminer.
Tout cela peut paraître un peu compliqué mais tout comme son prédécesseur, Stéphan veut garder la liberté d’expérimenter, le seul but étant d’élaborer les vins les plus authentiques et purs. En fait, c’est plus simple s’il n’y paraît: les vins sont tout simplement grands!
Commençons par le début: la simple cuvée Badoulin à base de Gamay est bluffante de gourmandise et de fruit. Il s’agit d’un vin simple mais possédant un éclat et un fruit capables de faire rougir plus d’un Gamay du Beaujolais… Et pour un vin vendu moins cher que du Mouton Cadet il n’a aucun concurrent…
Quant au Badoulin Pinot Noir, nous avons eu la chance de proposer deux millésimes fort différents (2012 et 2013) qui montrent à quel point un vigneron talentueux peut faire des choses merveilleuses. En 2012, le vin commence tout juste à s’ouvrir avec une élégance et une finesse à se damner. Vous chercherez longtemps un Pinot Noir aussi magique à ce prix en Bourgogne. Du grand art! Quant au 2013, Stéphan nous avait dit qu’il était plutôt fruité mais n’avait pas la profondeur du 2012. Nous sommes de son avis, mais il n’empêche: le 2013 à un côté « grenadine » irrésistible. Les amateurs de Pinot Noir nous comprendront, il possède ce côté « rose fanée » qui le rend limite dangereux!
La fierté du domaine est le « Palhàs » (Gamay, Petite Syrah et Pinot Noir), un vin conjuguant finesse, fruit et grande buvabilité. On s’approche de l’esprit des vins d’Ardèche ou du Forez (plus au nord). Le Palhàs 2013 est éblouissant, avec plus de complexité que son frère le Pinot Noir 2013. Un vin étonnant, avec des notes fumées à l’ouverture et une grande finesse tout au long de la dégustation… à un prix difficilement explicable au regard du vin dans la bouteille.
Nous serions intarissables sur les autres cuvées du domaine, mais goûter (pardon, boire…) les vins de Stéphan Elzière vaut mieux que tous les discours du monde. Vous comprendrez que ses vins sont (pour l’instant!) le secret le mieux gardé des amateurs de nectars…