Pour les professionnels du vin le salon est un passage obligé car il permet d’effectuer un tir groupé en rencontrant plusieurs vignerons… sauf que toute solution pratique a aussi ses désavantages: on a l’impression de travailler à la chaîne en passant d’un stand à un autre. L’échange avec le vigneron est pour le moins concis et à la fin de la journée on reste un peu sur sa faim…à défaut de rester sur sa soif.
« Terres et Vins de Champagne » fait partie des heureuses exceptions: la convivialité du lieu, la qualité des vignerons et la formule proposée (les vins de Champagne ainsi que les vins clairs) font que nous quittons le salon d’un pas léger et guilleret.
Pour vous en rendre compte voici la liste (non-exhaustive) des vignerons réunis à Aÿ pour l’occasion: Vincent Laval, Emmanuel Brochet, David Léclapart, Benoît Lahaye, Françoise Bedel, Aurélien Laherte, Francis Boulard, Pascal Doquet, Dominique Moreau, Olivier Horiot, Franck Pascal, Marie-Noëlle Ledru… Alors forcément, cette liste de rêve donne envie d’aller buller une journée en Champagne. Mais justement, il n’y avait pas que des bulles sur ce salon: les vignerons proposaient leurs vins clairs, exercice aussi passionnant qu’instructif. Les non-initiés doivent se demander: « kezako un vin clair? ». Pour résumer, le Champagne est un vin blanc qui a subi une fermentation supplémentaire lui donnant ses belles bulles…et quelques degrés d’alcool en plus. Il ne faut pas oublier qu’on est en Champagne et qu’il fait froid une bonne partie de l’année. Du coup, le vin « tranquille » obtenu après fermentation est très acide et ne titre que 9 degrés en moyenne. Tant vous dire que goûter ces vins le matin après un croissant relève de la gageure! Mais c’est à cette étape que l’on perçoit les défaut inhérents à la qualité du raisin (enfin…quand on a l’habitude), défauts souvent maquillés par un dosage « généreux ».
Inutile de vous dire que les vins clairs de Vincent Laval, David Léclapart ou Benoît Lahaye sont superbes. L’acidité est enrobée d’un fruit qui donne envie de boire le vin et de dire au vigneron: « ne te fatigue pas à champagniser ton vin, on le prend tel quel! ». On atteint même sur certaines cuvées 11.5 degrés d’alcool et le vigneron peut commercialiser son vin sans bulles sous l’appellation « Coteaux-Champenois ».
Voici un bref aperçu de nos coups de cœur. Chez Vincent Laval les vins clairs sont somptueux, et notamment son Pinot Noir « Les Hautes Chèvres » à 11,5 degrés, un immense vin blanc qui donnera un Champagne de rêve. Vincent nous a fait goûter ses millésimés 2009, parmi les plus belles émotions du salon. Il seront disponibles en septembre 2014 chez Mi-Fugue. Autre très belle émotion: les vins de Benoît Lahaye, et notamment sa cuvée Violaine 2010, d’une grande finesse. Quant à sa cuvée « Le Jardin de la Grosse Pierre » issue d’une vigne complantée en Pinot Noir, Pinot Meunier, Chardonnay et… Chasselas, il s’agit pour nous d’un des plus beaux Champagnes jamais dégustés. A chaque gorgée la terre s’arrête de tourner… David Léclapart nous a bluffés avec sa cuvée de Pinot Noir « L’astre 2010″, d’une incroyable complexité. Le reste de sa gamme est sans surprise: des vins fins, élégants, complexes…bref, magiques!! Emmanuel Brochet nous a présenté son dernier-né: une cuvée 100% Chardonnay 2006. Un autre très grand vin, mais inutile de vous dire que pour un vigneron qui produit 5000 bouteilles par an (oui, vous avez bien lu!), il y aura rapidement disette. Mi-Fugue essaiera de grappiller une caisse. Les vins de Dominique Moreau (Champagne Marie Courtin) sont toujours aussi fins et élégants… et d’un incroyable rapport qualité-prix. Pour finir cette tournée rapide, n’oublions pas le jeune et sympathique Aurélien Laherte dont les vins gagnent chaque année en finesse et en précision. Mention spéciale pour sa cuvée »Les Vignes d’Autrefois », un 100% Pinot Meunier à se damner.