2013, millésime pourri ou réussi?

2013 est une année réputée épouvantable que vignerons et autres professionnels du vin auront hâte d’oublier rapidement.  Les agriculteurs ont tout reçu: gel, grêle, mildiou, oïdium… Des dégâts qui auront mis certains vignerons sur la paille et d’autres à la merci du millésime 2014 qui devra être qualitatif et abondant. En attendant le verdict des vendanges en septembre, les (rares) bouteilles du millésime 2013 commencent à montrer le bout de leur goulot.

Alors qu’en est-il exactement? Certains journalistes succomberont à la tentation de porter le coup de grâce à ce satané millésime. Le raisonnement est imparable: s’il n’a pas fait beau, les raisins n’ont pas pu mûrir et la piètre qualité du fruit est compensée par des « ajustements » en cave (chaptalisation, boisé outrancier pour compenser le manque de fruit…) qui donneront au mieux des vins acides et décharnés. Et ces journalistes auront raison… s’ils goûtent les vins des domaines « classiques » qui privilégient l’aspect commercial plutôt que l’obtention d’un vin sain à forte personnalité. L’année 2013 est donc un véritable révélateur de talent, et montrera plus que jamais que le vin se fait surtout et avant tout à la vigne. Pour schématiser, disons que dans un millésime réputé « parfait » comme 2005 les gros domaines qui préfèrent payer une page de publicité sur papier glacé plutôt qu’un ouvrier travaillant les vignes s’en tireront à bon compte, alors que dans un millésime comme 2013 ce sera plus délicat, voire impossible.

Nous cavistes qui aimons les vins purs, sains, authentiques et vibrants – rien que cela! – sommes contents car les premières bouteilles de 2013 que nous nous sommes empressés d’ouvrir (et de boire) sont gorgées de fruit et d’une gourmandise confinant au vice.

Mi-Fugue a sélectionné pour vous trois cuvées de trois amis-vignerons: le « Beaujolais Tentation » de Jean-Claude Lapalu, une merveille de finesse et de fruit. Attention au côté fortment addictif de cette « bombe de fruit »! Philippe Tessier a réussi un coup de maître avec son « Cheverrny Domaine » 2013 à base de Gamay, Pinot Noir avec un soupçon de Côt: un vin de printemps exquis! Last but not least, Bruno Rochard un de nos chouchous de Loire qui commence à percer à force d’élaborer des grands vins (son Anjou blanc « Moque Souris » 2012 est un immense Chenin qui peut rivaliser avec les nectars de Richard Leroy!). Son Anjou rouge 2013 « Le P’tit Clou » est un poil plus concentré que les deux autres cuvées (ce qui est normal pour un Cabernet Franc) mais avec un fruit et un équilibre dignes de vins rouges de Loire bien plus chers.

Alors oui, 2013 ne sera pas comme 2005 ou 2009: il ne faudra pas encaver les belles cuvées de Bourgogne et de Loire pendant 10 ans avant de les boire. Mais après tout, a-t-on vraiment besoin de garder les vins aussi longtemps? Si le plaisir est votre priorité, 2013 comblera vos attentes…à condition de piocher chez les vignerons amoureux de leur travail, qui auront su extraire la quintessence d’un millésime tendre, fruité, gourmand, mais hélas!, trop rare.

This entry was posted in Derniers vins reçus, Impressions du millésime and tagged , , , , , . Bookmark the permalink.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>