De retour après trois jours plutôt éprouvants (mais passionnants) l’équipe de Mi-Fugue Mi-Raisin a encore le gosier trempé, les pieds enflés et les oreilles qui bourdonnent de ce marathon qui s’est tenu du samedi 30 janvier au lundi 1er février. Et pour ceux qui voulaient pousser le vice jusqu’au bout il y avait le salon Demeter, la Levée de la Loire et le (gigantesque) salon des vins de Loire…
Comme chaque année nous revenons enchantés de ce périple. On a en effet l’impression de vins de plus en plus maîtrisés (« sérieux » diraient certains) et d’une offre et une demande sans cesse croissantes. Et même si les vins « biodynamiques » ou « naturels » (peu importe l’étiquette!) ne constituent qu’une minuscule part du monde du vin, nous sommes contents de nous retrouver entre gaulois qui résistent face à l’envahisseur industriel.
Comme nous avons goûté énormément de belles choses (22 heures sur trois jours!) nous avons décidé de jouer à un jeu simple: prendre une feuille et en se donnant cinq minutes, noter tous les vins qui nous ont marqués (sans les notes de dégustation of course et sans tricher!)… histoire de ne pas « soûler » les lecteurs de ce blog.
Aux Greniers St Jean, Richard Leroy nous a comblés avec des Rouliers et des Noëls de Monbenault 2014 halluciants de pureté et de finesse, disponibles en mai. Thomas Carsin (Le Clos de l’élu), un vigneron d’Anjou proposait notamment la belle cuvée Ephata, un Chenin sur schistes élevé un an en amphores. Autre belle découverte, les vins de Stéphane Rocher (La Ferme du Mont Benault, toujours en Anjou) avec un blanc de noirs (cabernet franc!) étonnant. Le Moque Souris 2014 de Bruno Rochard laisse présager un Chenin ample avec une belle minéralité. Les vins de Sébastien Poly (U Stiliccionu) sont toujours aussi fins et complexes avec une mention spéciale pour Sottu Scala, un vin vibrant et complexe. Paul Barre à Bordeaux (oui!) faisait goûter sa belle gamme de canons (…Fronsac!) et en particulier Le Chaudron vinifié dans un œuf couché. La cuvée Genèse 2004, un Chenin de Xavier Caillard (Les Jardins Esmeraldins) riche, complexe, légèrement oxydatif confirme le talent de ce vigneron hors norme. Dans le Rhône Jean Delobre (La ferme des Sept Lunes) nous a bluffés avec un Saint Joseph Les Premiers Quartiers 2013 d’une finesse à se damner et Michèle Aubéry (Gramenon) nous a titillé le palais avec la Mémé, d’une rare finesse.
Aux Anonymes, Baptiste Cousin (le fils d’Olivier) proposait la cuvée Pied 2014 un superbe Chenin macéré quatre jours en grappes entières. Autre découverte de ce salon, les vins de Joseph Jefferies, un jeune vigneron languedocien hyper doué, avec une cuvée de Carignan en grappe entière baptisée Pierre de Sisyphe rouge, d’une (très) grande finesse! Hervé Ravera (domaine Le Grain de Sénevé) proposait deux cuvées dont le très joli Gamay Roue Libre au fruité envoûtant. Julien Peyras proposait en avant-première sa Gourmandise, un cinsault de printemps qui porte bien son nom. Le Moulin à Vent 2015 de Julie Balagny est plus que prometteur: vivement le printemps!
A la Dive Bouteille il y avait pléthore de jolis vins et un peu comme au Louvre, il aurait fallu plus d’une journée pour tout couvrir… Reynald Héaulé (Orléanais) nous a régalés avec son rouge L’Insoumis 2011, un vin possédant à la fois une belle matière et une grande finesse. Tout était bon chez Christian Venier avec des Cabernet Francs (Les Cormiers) étonnants pour la région. Les vins d’Hervé Souhaut sont toujours aussi réguliers… et délicieux! Le Saint Joseph « Les Céssieux » est une très belle syrah de garde. Côté Jura, nous étions gâtés entre Etienne Thiébaud (Les Cavarodes) et sa superbe Ostrea Virgula, Fanfan Ganevat et son Chardonnay Grands Teppes Vieilles Vignes, juste vertigineux de finesse et Loreline Laborde (Les Granges Pâquenesses) « ze » vigneronne qui monte, et quand on goûte son Savagnin ouillé 2014, fin, élégant et gourmand, on comprend pourquoi elle n’a pas une quille à vendre…Les Beaujolois étaient là en force avec Jean-Paul Thévenet (« Polpo ») et ses 2014, fruités, fins, souples et ultra-buvables! En 2014 Jean-Claude Lapalu réédite l’exploit de son grand Brouilly Le Rang du Merle 2012: un de nos coups de cœur en Gamay. Côté Bourgogne les vins de Fanny Sabre étaient aussi en forme que la vigneronne avec notamment un Pommard premier cru qui fait honneur au Pinot Noir. En Loire, Clément Baraut a sorti un Chenin avec un poil de sucre résiduel (« Herbes Douces« ) , limite dangereux! Sylvain Dittière confirme son statut de roi du Cabernet Franc et son Saumur 2013 Les Cormiers nous a subjugués: possédant la finesse d’un grand Pinot Noir il fait partie des plus belles émotions du week-end.
Last but not least, une belle brochette de vignerons sévissait aux Pénitentes. Thomas Pico (Pattes Loup) présentait ses Chablis premiers crus avec un « Buteaux » à tomber de finesse et de précision. Que dire des vins d’Eric Pfifferling (l’Anglore)? Toujours aussi magiques, avec ce grain inimitable et cette texture soyeuse qui vous emporte au paradis. Merci Eric!
Bon, voilà notre liste (non-exhaustive) pondue en cinq minutes. En écrivant ces lignes nous nous rendons compte que nous avons oublié « Les Giunechiens » de Benoît Courault, Le Muenchberg 2013 de Patrick Meyer, les Champagnes de Manu Lassaigne et Vincent Laval… Autant d’émotions qui laissent présager une belle année bachique!