Les vins de Florent Bejon…

   

Que ce qui ne connaissent pas les vins de  Florent Bejon se rassurent: avec tout juste 40 ares (4000 mètres carrés si vous préférez…) Florent et Claire n’ont pas de quoi inonder le marché.

Dans le monde viticole tout est une question de taille. La limite physique pour faire du bon vin en solo est deux ou trois hectares selon la nature du terrain. Au-delà le vigneron doit embaucher. Quand on n’a que 40 ares les contraintes sont différentes. Le travail de la vigne est moins long et fastidieux mais la vinification en petits volumes est plus délicate. Si en effet vous possédez vingt barriques et qu’une « part en vrille » vous pouvez l’écarter alors que quand vous en avez qu’une ou deux… L’autre problème des micro-domaines est la pérennité économique (sauf si vous êtes sur un grand cru de Bourgogne).

Florent Bejon est installé à Saint-Germain-sur-Vienne, petite commune située entre Candes Saint Martin et Chinon, le long de la Vienne. Pour vous situer le domaine, il est voisin du sympathique Gérard Marula. Aidé par sa femme Claire il travaille deux parcelles.

Les fondus de vins de la Loire connaissent Florent sans le connaître. Ils lui doivent beaucoup car la maison Brault est à l’origine de l’embouteillage d’un paquet de beaux domaines ligériens… Et tous les amateurs savent qu’une mise ratée est synonyme de vin imbuvable.

Quel rapport avec ses vins me direz-vous? Il est simple: lorsque vous passez votre temps chez les bons (Leroy, Courault, Mosse…) vous finissez par développer votre goût pour les bonnes choses et le jour où vous décidez de franchir le pas, vous ne pouvez pas vous permettre de sortir une piquette. Pour l’équipe de Mi-Fugue Mi-Raisin   les vins du domaine font même partie des plus belles émotions de la région. Les « happy few » qui ont eu l’occasion de boire la cuvée « franc de pied », un cabernet franc pré phylloxérique d’une élégance et d’une gourmandise à se damner, comprendront nos propos. Malheureusement cette cuvée est épuisée et Florent ne possède plus cette parcelle.

Vous pourrez toujours vous consoler en buvant ses cuvées (bientôt!) disponibles… Et en vous disant que Florent et Claire Bejon comptent passer aux choses sérieuses en augmentant la superficie du domaine. Toujours pas de quoi inonder le marché, mais au moins de quoi inonder nos gosiers. Ils viennent juste d’acquérir 1,5 hectares de jeunes vignes (« picrocholes » pour ceux qui connaissent leurs classiques…) avec une demande d’appellation Tourraine effectuée en 2015, et si tout va bien l’appellation Chinon en 2017.
Revenons à nos moutons: les cuvées actuelles que nous pouvons voir, toucher et boire.

La visite du chai de Florent Bejon est rapide: deux barriques de blanc et deux barriques de rouge. Pas de quoi sortir murgé… Quoique! Les jus goûtés au printemps était tellement beaux que nous aurions pu y passer la journée.

Commençons par le blanc. Il s’agit d’une parcelle de Chenin  de 20 ares baptisée les gruches. Ce nom n’est pas totalement inconnu aux amateurs-buveurs des vins de Gérard Marula et Sébastien Bobinet. Il s’agit d’un terroir froid  d’argiles à silex (avec sous-sol calcaire) produisant des superbes vins de garde. Les vignes ont 70 ans. Florent nous a envoyé un échantillon juste après la mise. Le vin est à la fois ample et riche avec une fraîcheur et une gourmandise étonnantes pour ce type de terroir. On sent que le vin est tiendra dans le temps, mais tant qu’il ne se referme pas il sera difficile de résister à la tentation de le picoler. Bref un vin d’une incroyable pureté qui pourra rivaliser sans peine avec les plus beaux Chenins sur schiste…

Quant au rouge baptisé « Saint Germain« , les détracteurs du Cabernet Franc devraient le goûter (plutôt le boire…) car non, il ne s’agit pas d’un cépage  dur et indigeste tout juste bon à être vinifié en « carbo » (ou version « grenadine à l’eau » si vous préférez). Le nez est explosif avec des arômes de fruits rouges et la bouche est ample et soyeuse. Les vignes de 45 ans poussent sur un sol calcaire  argilo-sableux. La vinification se fait en barriques de 6 ans et le vin, d’une stabilité étonnante, n’a jamais vu le moindre milligramme de sulfites.

La logique voudrait que sur un domaine « haute couture » les vins soient chers. Florent et Claire veulent que le vin reste un plaisir simple et accessible. Alors, pour le prix d’une bouteille et demie de Mouton Cadet, nous encourageons vivement les derniers réticents à changer leurs habitudes!!

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