Une Virée chez Richard Leroy: les 2014 en fûts… et les 2013 en bouteilles

                     

Comme chaque année au printemps nous  effectuons notre pèlerinage angevin chez les amis-vignerons qui nous ont inoculé le virus de la cheninophilie, une maladie aussi incurable qu’agréable. Notre première étape: Richard Leroy, rablayen (et rabelaisien) que nous ne présentons plus. A notre impatience de retrouver un ami et de passer une journée unique en sa compagnie s’ajoutait la curiosité de regoûter le millésime 2013 en bouteilles… et de découvrir la nouvelle parcelle qu’il a récemment récupérée en fermage à Savennières.

Cette parcelle de 32 ares est située sur la route de la Croix Picot, en face d’une vigne ayant appartenu à Jo Pithon et au nord de la fameuse Coulée de Serrant. La parcelle est nichée au cœur d’un écrin de verdure  surplombant la Loire. Richard ne cherche pas à étendre son vignoble. Ses 2.7 hectares l’occupent à plein temps mais l’idée de sortir une cuvée de Savennières le séduit et l’idée de boire un Savennières de Richard ne nous déplaît pas non plus… sauf qu’il faudra attendre quelques années pour que la vigne se remette d’un long traitement chimique. Nous avons passé quelques heures à ébourgeonner plusieurs rangs de vignes dans ce coin de paradis puis nous sommes retournés à Rablay-sur-Layon pour goûter le millésime 2014 en barriques. Première bonne nouvelle: il y aura du vin en 2014…enfin plus de vin qu’en 2013, mais pas de quoi inonder le marché. Les  2014 ont déjà fini de fermenter et le résultat est à la hauteur de nos espérances: Les Rouliers sont d’une grande finesse et d’un équilibre sidérant alors que la cuvée  Les Noëls de Montbenault possède en plus une puissance et une ampleur à faire pâlir pas mal de « grands » Bourgognes. Globalement le millésime est moins vif que 2011 ou 2012, mais avec une très belle acidité et un équilibre de rêve. Richard nous a même fait goûter une barrique de Rouliers avec les lies de l’année précédente… de quoi faire dresser les cheveux des spécialistes et autres puristes car en « œnologie » on apprend qu’une barrique doit être scrupuleusement nettoyée, récurée, soufrée et hermétiquement fermée sinon on risque la piqûre ascétique. Mais dans le monde du vin (vivant!) on apprend aussi qu’en étant le plus rigoureux possible on peut aussi prendre certaines libertés. Le vin était superbe sans aucune trace de piqûre acétique (ou pour faire simple: de goût de vinaigre).

        

Après cette dégustation Richard nous a ouvert un Rouliers et un « Noëls » 2013. Et là, nous avouons ne plus rien comprendre. Lors de notre dernier passage au domaine les barriques de 2013 avaient juste entamé leur fermentation et Richard, sceptique et dépité, nous avait fait part de sa perplexité… et de la possibilité de ne pas commercialiser le millésime si le vin ne se montrait pas à la hauteur. Les passionnés se souviendront: 2013 est une année compliquée, avec un été pluvieux et une arrière-saison mitigée. Tout le monde sait donc qu’il s’agit d’un millésime à éviter et qu’on boira – contraints et forcés – en attendant les 2014. Mais dans le monde du vin les raccourcis mènent souvent à des inexactitudes. 2013 est certes une année plus « froide » mais les vignerons qui ont bien travaillé (leurs vignes!) ont réussi à rentrer des raisins sains et mûrs, mais avec un degré alcoolique moindre.

Nous vous disions donc que nous n’arrivions pas à comprendre… comment un jus issu d’une récolte « moyenne » qui a failli partir à la distillerie ait pu donner un des plus grands vins blanc que nous ayons goûté! Richard pense qu’il s’agit de son plus grand millésime. Pourtant il n’est pas du genre à se louanger. Certaines émotions fortes suscitent des associations d’images. En buvant ce vin l’image de la Loire nous est revenue car ce vin  possède la même puissance, majesté  et tranquillité. Bref, Richard a encore fait plus fort que le millésime précédent. Il a atteint grâce à un travail acharné de la vigne (…qui porte ses fruits!) une élégance et une profondeur uniques.

Pour l’instant Mi-Fugue Mi-Raisin n’a pas encore reçu les vins du domaine, mais cela ne saurait tarder….

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