Une journée (de rêve) chez Eric Pfifferling

Vous l’aurez compris en lisant ce blog, les cavistes ont un métier passionnant: on ne se réveille pas un seul jour (sauf peut-être les lendemains de fête) sans se demander quel vin, vigneron ou région nous allons (re)découvrir…

Une visite  chez Eric Pfifferling  n’est pas sans rappeler un jour de Noël pour les enfants. L’idée d’y aller nous met dans un état d’excitation fébrile. Arrivés à Tavel, Eric nous accueille avec son sourire et sa bonhomie habituels. Il nous a réservé une belle surprise: il nous emmène chez Frère Roger au Château de Manissy,un domaine ayant jadis appartenu aux Pères Missionnaires de la Sainte Famille. Frère Roger qui y habite toujours a vinifié plus de 50 millésimes.

En rencontrant Frère Roger  on ne peut s’empêcher de penser à une autre grande figure du vin: Pierre Overnoy… A tel point qu’on se met à rêver d’une rencontre entre ces deux sages.

Les deux hommes ont un regard à la fois narquois et tendre. Ils ont tous les deux un humour caustique adouci par une profonde bienveillance. Ils ont poussé la réflexion sur le vin et la vinification le plus loin possible, élaborant des vins d’une grande pureté, sans sulfites ou autres intrants, à une époque où les produits chimiques régnaient en maîtres.

Comme Pierre Overnoy, Frère Roger nous sort une rareté de sa collection personnelle: le Tavel 1983 « Tête de Cuvée ». Le vin n’ayant pas été filtré et les lies doivent être évacuées le plus rapidement possible à l’ouverture. Tant que la bouteille n’est pas ouverte les lies nourrissent le vin et évitent l’oxydation. Au contact de l’air les lies vont au contraire avoir tendance à le « fatiguer ». Frère Roger s’en débarrasse en dégorgeant la bouteille, comme font les champenois « à la volée ».

                        

Le vin est surprenant de fraîcheur avec des notes torréfiées, caramélisées. Eric Pfifferling note aussi le côté tourbé d’un grand Whisky. On doit avouer qu’on a rarement goûté un rosé d’une telle complexité. Il rappelle d’un certain côté des vieux Poulsards bus chez Pierre.

De retour à l’Anglore après cette belle escapade Eric nous emmène dans ses vignes, et notamment la très belle parcelle des Pierres Chaudes encaissée dans un cirque avec une vue imprenable sur le Mont Ventoux. Ici on est  au bout du monde, dans un havre de paix. Eric nous confie qu’il y vient pour se ressourcer et trouver la sérénité qu’il recherche dans les moments difficiles.

Après la rencontre avec Frère Roger et le coucher du soleil sur le Pierres Chaudes, on se sent heureux et serein.

On finit la journée au chai à déguster les quelques cuvées qui sont encore en élevage, et notamment le Tavel « Vintage » 2010, cette arlésienne (300 bouteilles!) élevée une année supplémentaire dans une barrique de Fred Cossard (domaine de Chassorney).

Et là, on se dit la larme à l’œil que la perfection est de ce monde!…

 

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