Clos Rougeard « Le Bourg » 1990 et Vouvray « Goutte d’Or » 1990…

Voici deux bouteilles mythiques, deux vins (presque)  introuvables qui enflamment forums, blogs et salles des ventes. A titre d’exemple, lors du célèbre « vide-cave » du restaurant La Tour d’Argent en 2009 le Vouvray « La Goutte d’Or » 1990 de Philippe Foreau s’était vendu à 278 euros  la quille (nous l’avions acheté au domaine à l’époque à 80 francs). Idem pour le Saumur-Champigny Clos Rougeard des frères Nady et Charlie Foucault dont une bouteille de « Bourg » 1990 a atteint la bagatelle de 450 euros dans une vente récente.

Alors on s’interroge forcément sur ce genre de vin. Est-ce la spéculation et la fièvre autour de telles bouteilles qui entretiennent le mythe ou la qualité intrinsèque des vins?

Pour répondre à cette question épineuse nous avons demandé à deux copains (amateurs bien sûr) de se sacrifier pour la cause et nous nous sommes dirigés (munis de nos nectars « perso ») vers notre restaurant fétiche, L’Ordonnance, niché dans un quartier paisible du 14ème arrondissement de Paname. Le chef des lieux, Frédéric Chalette, grand virtuose du piano (de cuisson), mitonne des plats fins, savoureux et généreux. Bref, l’endroit idéal pour une telle dégustation.

Pour s’échauffer les papilles nous avons commencé par un joli Saumur blanc 2000 d’Antoine Foucault (domaine du Collier) aux notes de Chenin évolué, mais sans aucune trace de fatigue ou d’oxydation. La soirée commençait plutôt bien…

Puis vint le moment tant attendu: l’ouverture du « Bourg » 1990. Nous ne l’avions pas regoûté depuis une quinzaine d’années.

La robe grenat est superbe et le premier nez  est typique d’un grand Cabernet Franc évolué mais  loin de son point de déclin: tabac, sous-bois et champignons. La bouche est à l’avenant avec une densité et un soyeux (le yin et le yang!) hallucinants. Le vin a complètement digéré le bois et la maturité du millésime ainsi que la savoir-faire des vignerons ont fait le reste. Un grand vin rouge qu’on est content d’avoir bu une fois dans sa vie!

Pour le dessert, nous avons soigneusement évité le guet-apens « mousse au chocolat et vin liquoreux ». Nous nous sommes contentés de siroter le Vouvray « Goutte d’Or » 1990. Pour la petite histoire il y a eu trois cuvées « Goutte d’Or » dans l’histoire du domaine: 1947,  1990… et maintenant 2011. Le vigneron n’élabore cette cuvée que dans des années exceptionnelles. Le taux de sucre résiduel tourne autour de 250 grammes par litre, de quoi vous rendre instantanément diabétique…Heureusement que l’acidité de folie du Chenin tend le vin telle une arbalète. Résultat: au bout de 23 ans on obtient un vin ambré d’une concentration inouïe avec des notes de raisins de Corinthe. Certes, ce vin choquerait plus d’un amateur de vins naturels habitué à des taux de sulfites plus bas, mais la Goutte d’Or 1990 reste quand même une très belle expérience gustative.

Disons-le franchement: si on s’en était sorti à 600 euros par tête dans un étoilé parisien (ce qui est plutôt un minimum avec ces vins) on aurait fait grise mine. Mais là, on ressort ragaillardi par un très bon moment passé entre amis.

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