On dit souvent que la qualité d’un millésime se joue essentiellement à l’arrivée, au moment des vendanges. Après un été « normal », c’est-à-dire chaud et sec (point trop n’en faut), une arrière-saison douce et ensoleillée est déterminante. Mais à force de se focaliser sur la qualité, on omet souvent le problème de quantité, et en 2012 c’est là où le bât blesse.
Plusieurs facteurs peuvent affecter les quantités : le gel tardif et des conditions extrêmes au printemps et en été (grêle ou excès d’humidité).
Le vignoble situé au nord de la Loire a connu une fin de printemps et un début d’été chauds et humides, ressemblant à s’y méprendre aux orages du mois d’août. En été les vignerons traitent la vigne contre le mildiou afin de limiter la prolifération de ce champignon. C’est la même chose au printemps me direz-vous, sauf qu’en 2012 le mildiou s’est confortablement installé au moment critique de la nouaison, quand la fleur se transforme en grain de raisin… et malheureusement pour nous, fin mai et début juin le mildiou a bénéficié de conditions paradisiaques pour proliférer et s’étendre à la fleur, provoquant ce que les vignerons appellent une coulure (ou chute des fleurs):
Dans le Jura, les vignerons n’avaient jamais vu de telles conditions depuis…1977. Prions donc pour que ce phénomène ne se reproduise qu’en 2047.
En Bourgogne on s’achemine aussi vers une maigre récolte, et ce après deux millésimes plutôt spartiates. Jean-Yves Bizot (Vosne-Romanée) pense que la récolte atteindra 50% d’une année normale. Sachant qu’un scénario similaire s’était produit chez lui en 2010 (à cause du gel), on commence à s’interroger sur la définition d’une année « normale ».
Le sud n’a pas été épargné (ici c’est plutôt l’oïdium qui sévit). Les grenaches d’Eric Pfifferling (l’Anglore, à Tavel) ont été touchés. Il faudra donc verser quelques larmes supplémentaires pour se procurer deux ou trois précieux flacons.
Si le temps se met au beau d’ici septembre, nous aurons un joli millésime avec peu de vin…de quoi développer l’instinct darwinien des buveurs. En revanche, si le temps maussade persiste, il faudra se mettre à l’eau. Une chose est sûre, on n’en manquera pas…