Les Buttes de Saint-Germain-des-Près

Non, ceci n’est pas la dernière cuvée « branchouille »  destinée aux touristes des Deux Magots ou du Café Flore qui sirotent un verre avant d’aller acheter un costume trois pièces chez Giorgio A. ou une bague chez Christian D.

Saint-Germain-des-Près est une commune située entre Angers et Nantes. On est encore en Maine-et-Loire (dans le « 49 »), le « Far West » du Chenin car à quelques kilomètres de là on entre sur les terres du Muscadet.

Charles-Emmanuel et Sandrine Girard sont à la tête de ce micro-domaine de 50 ares (5 000 mètres carrés!) depuis un an. On peut certes trouver plus petit, mais on tombe dans la catégorie « jardinage ».

L’histoire de ce domaine et de cette cuvée est singulière. La parcelle appartenait à Patrick Baudouin, vigneron en Anjou. A l’époque son maître de Chai, Clément Baraut – qui élabore aujourd’hui des Savennières de rêve – nous expliquait la galère des trajets quotidiens pour aller traiter la parcelle. Du coup Patrick Baudouin l’a vendue à Charles-Emmanuel Girard, œnologue qui conseillait des domaines tels que René Mosse, le Clos Rougeard, Benoît Courault, Richard Leroy… Vous l’aurez deviné, Charles-Emmanuel connait le vin et ne pratique pas le « bidouillage chimique ». Le laboratoire pour lequel il travaillait ayant fermé ses portes, Charles-Emmanuel a cédé à son envie de devenir vigneron et a acquis cette parcelle. On devrait plutôt dire « l’unique parcelle » de Saint-Germain-des-Près car les agriculteurs du coin ont eu la bonne idée d’arracher les vignes et de planter des céréales…même en coteau! On se retrouve donc dans le cas surréaliste d’une petite parcelle qui résiste face à l’envahisseur céréalier. Qu’un des plus beaux terroirs de Loire soit consacré à du blé laisse songeur. En goûtant le vin on réalise l’ampleur du gâchis… et la chance que nous avons de boire ne serait-ce qu’une goutte de ce vin, car ici on frise les records de confidentialité: 500 bouteilles! Alors oui, on admet qu’on est (presque) dans le cas d’un particulier qui possède une vigne et qui fait plaisir à sa famille et à ses copains, sauf que Charles-Emmanuel a un savoir-faire qui dépasse largement celui du vigneron du dimanche… et ça se sent à la dégustation.

Le vin est d’une élégance à couper le souffle. La minéralité et la pureté du vin proviennent (en partie) du sol schisteux qui rappellent ceux du Muscadet (on est à 30 kilomètres d’Ancenis). Cette vivacité (sans aucune dureté) s’accompagne d’un fruit que seul le Chenin peut conférer.

Pour la petite histoire, nous avons goûté ce vin la première fois chez Richard Leroy et l’après-midi même nous participions à l’étiquetage des bouteilles. Une telle rencontre crée des liens et nous sommes fiers de pouvoir proposer quelques bouteilles de ce superbe Chenin à un prix plus que raisonnable (l’équivalent d’un Magnum de Mouton Cadet blanc!).

N’attendez pas trop car avec une production de 500 bouteilles, ça durera moins longtemps que les contributions…

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