Les amateurs de vins naturels vivent une époque bénie, à l’image de la Vienne de Mozart ou du jazz des années 50-60. On aimerait quand même que cette période se transforme en siècles et qu’elle marque le déclin des grands « bienfaiteurs de l’humanité » tels que Monsanto et Bayer…
Après plusieurs décennies de chimie à outrance, on néglige souvent le courage de certains vignerons pionniers qui ont su dire non avant les autres. Claude Courtois et son fils Julien (vignerons en Sologne) en font partie. Les détracteurs n’hésiteront pas à souligner le côté expérimental et approximatif de la plupart des vins naturels de l’époque. En revanche, lorsque les vignerons mettaient dans le mille, ils produisaient des nectars vibrants qui ont suscité pas mal de vocations. Qui par exemple ne souvient pas sans une larme d’émotion de la cuvée Mémé 2000 de Gramenon?
Alba 2000 de Julien Courtois fait partie des dernières bouteilles stockées dans notre cave « perso » qu’on lorgne de puis plusieurs années. Puis vient le jour où on se dit: « bon, on y va…on ne va pas la regarder pendant des décennies ».
Si notre mémoire ne nous fait pas défaut, il s’agit d’un Sauvignon ultra mûr (et ultra confidentiel) que Julien a commercialisé en bouteilles de 50 cl, histoire qu’un maximum de passionnés puissent en profiter (et aussi parce que la bouteille coûtait un bras!)
On appréhende toujours la première gorgée en se demandant si le vin tiendra ses promesses au bout de 13 ans. Et là, on hallucine! C’est bien connu: un Sauvignon c’est bon, léger, fruité et ça se boit un jour de pique-nique printanier. Mais là, avec ses 14.7° d’alcool, sa charpente minérale bluffante, son gras digne d’un Chardonnay et sa pureté digne d’un grand Jura blanc, on se dit que le Sauvignon est un très grand cépage. En vieillissant le vin a développé des arômes d’eau de vie de prune. Il possède à la fois une rondeur, un velouté et une trame acide qui se complètent et qui le rendent gourmand, complexe, fascinant, intoxiquant… Une grande émotion!