Lors d’une dégustation à la cave de Mi-Fugue Mi-Raisin, Marcel Richaud nous a encore subjugués, non seulement par la qualité de ses vins, mais par sa disponibilité, sa capacité à écouter et enfin la clarté et la cohérence de ses propos.
L’équipe de Mi-Fugue connait Marcel depuis 1990, lorsque nous étions encore en culotte courte à arpenter les salons, et notamment celui des Caves Particulières qu’il faisait à l’époque. Depuis, Marcel est devenu un ami et les mauvaises langues diront que cette amitié ôte toute objectivité et recul par rapport à ses vins. Peu importe!
On a tout entendu sur les vins de Marcel: trop alcoolisés, trop stéréotypés, pas assez complexes. La preuve se fait par la dégustation… et la popularité des vins qui ne faiblit pas depuis 20 ans. Nous avons présenté la cuvée Terre de Galets 2011, Le Cairanne sans soufre 2011 , et son Rasteau 2011. La cuvée Terre de Galets, possède une fraîcheur et un fruit rarement rencontrés à ce niveau de prix (une douzaine d’euros!). Le Cairanne est plus profond, plus dense et plus soyeux. Quant à son Rasteau, une nouveauté du domaine, le fruit, a rondeur et la complexité nous fait penser à un châteauneuf-du-pape.
A propos de châteauneuf, sa cuvée de Cairanne « Ebrescade » possède la complexité, la finesse et la puissance de beaucoup de grandes cuvées de la région pour une fraction du prix. Nous avons déjà glissé cette cuvée dans des dégustations à l’aveugle de châteauneufs, avec le résultat que vous pouvez deviner.
Mais ce qui est encore plus sidérant, c’est le rapport « surface-qualité » des vins de Marcel. Comment parvient-il à obtenir cette qualité sur 50 hectares? Cette question nous obsède car certains dégustateurs (particuliers ou professionnels) s’imaginent qu’un vin doit atteindre la perfection indépendamment des critères de surface, de mode de gestion du domaine et du prix. Même si le vin est un plaisir en soi, on n’apprécie pas de la même façon un vin à 12 euros et un autre à 250 euros. De même (et nous y reviendrons) un vigneron comme Stéphane Lucas (Le Champ d’Orphée) qui cultive 0.77 hectares n’est pas dans la même logique (économique et œnologique) que Marcel Richaud à 50 hectares. Tous les deux cherchent à faire les meilleurs vins possibles avec des contraintes radicalement différentes.
Tout le monde le sait, Marcel est un grand communiquant. Mais au lieu d’utiliser ce « don » pour promouvoir son domaine (il compte plutôt sur ses 250 cavistes), il se bat contre le nivellement par le bas imposé par certaines administrations ou certains journalistes. Son combat dure depuis plusieurs décennies, et plusieurs vignerons qui élaborent des vins qui nous font rêver peuvent le remercier.
Il a même décidé de mener un combat contre le climat. Marcel admet qu’avec le changement climatique, le degré alcoolique des vins a tendance à augmenter dans la région. Il a donc commencé à arracher certaines vignes pour planter des cépages moins « généreux » en alcool tels que la counoise et le terret noir.
Non, Marcel n’a pas décidé de se reposer sur ses lauriers (alors qu’il le pourrait)…et il n’a pas fini de nous surprendre!