Après avoir joué les prolongations estivales, le blog de Mi-Fugue Mi-Raisin revient avec quelques pépites d’Yvon et Jules Métras.
Nous ne ferons pas l’affront de présenter Yvon Métras (l’Avion pour les intimes) aux passionnés de vins « nature ». Basé à Fleurie, il fait partie de la génération des premiers beaujolois-gaulois qui ont vaillamment défendu les couleurs (rouge grenat) du Gamay. Ils étaient une poignée d’irréductibles dans le sillage de Jules Chauvet: Marcel Lapierre, Jean-Paul Thévenet (Polpo), Jean Foillard et d’autres qui ont hissé ce cépage d’infâme piquette à un sublime nectar. Que ceux qui pensent que le Gamay est une pâle copie du Pinot Noir passent leur chemin… ou essayent de trouver un vieux millésime de la cuvée Ultime (un 1999 par exemple). Parlons-en justement de cette cuvée, le fleuron du domaine. Yvon ne commercialise cette cuvée d’exception issue de ses plus vieilles vignes que les années exceptionnelles. L’étiquette avec le liseré rouge peut faire penser au Champagne Mumm, mais malheureusement vous ne trouverez pas 8 millions de bouteilles d’Ultime sur le marché… tout au plus quelques centaines. La cuvée Ultime est vinifiée en macération carbonique, une méthode consistant à mettre des grappes entières dans une cuve saturée en dioxyde de carbone. Sans rentrer dans les détails techniques, cette vinification permet d’extraire le fruit et d’obtenir des vins « faciles et gouleyants » au détriment d’une profondeur et d’une complexité… dixit les contempteurs de cette méthode. Comme partout il y a des exceptions à la règle (sinon les choses seraient trop simples). Si certaines « carbo » donnent des vins gourmands manquants de profondeur, nous avons réussi à convertir un ami-vigneron (Stéphane Erissé du domaine Andrée) à qui nous avons servi un Ultime 2005 en carafe. A l’aveugle il hésitait entre un grand Pinot Noir et une grande Côte Rôtie. Car nous sommes à ce niveau qualitatif. Peu de côtes rôties rivalisent avec une Ultime 1999 ou 2005. Alors le « beaujo » vinifié comme un primeur peut-il être un grand vin? Si vous répondez par la négative, c’est que vous n’avez jamais bu une Ultime!
Mais pour ceux/celles qui n’ont pas eu l’occasion d’en boire, Yvon a pensé à tout: vous pouvez « attaquer » la gamme par son Fleurie de printemps, un vin plus accessible dans sa jeunesse et qui peut se boire seul, entre copains, à l’apéritif. La cuvée de printemps permettra aux frileux de passer l’automne et l’hiver en attendant le printemps 2016, la période idéale pour ouvrir la cuvée de Fleurie 2014. Cette bouteille demande un peu de patience pour se mettre en place, mais les patients seront récompensés, car la dégustation récente d’un 2012 nous a bluffés: finesse, délicatesse et fruit. On dit souvent que le Gamay « pinote », et là nous avions les arômes et la subtilité d’un grand Pinot Noir (avec une typicité Gamay du Beaujolais quand même!).
Autre rareté du domaine, le Moulin à Vent, qui demande aussi un poil de patience pour s’exprimer. Mais lorsque la bouteille atteint son apogée (3 à 4 ans), c’est la claque garantie! En ce moment les 2010 sont tout simplement sublimes.
Vous lirez sur la toile que les vins d’Yvon sont chers. Ils se situent globalement entre 20 et 40 euros. Alors oui, pour le coup de rouge de tous les soirs, ça ne le fait pas forcément, mais quand on a dans son verre (gosier) des vins d’une telle finesse et suscitant une telle émotion, on se dit que finalement… Et si les vins d’Yvon sont chers, alors ceux de Fanfan Ganevat, Pierre Overnoy/ Emmanuel Houillon et Richard Leroy le sont aussi… Et tant mieux d’ailleurs car cela nous laisse quelques flacons.
Last but not least, le fils d’Yvon (qui aide le père sur les 5 hectares du domaine), Jules Métras, vient d’acquérir un hectare et de sortir son premier millésime. Pour reprendre l’expression populaire « les chiens ne font pas des chats », Jules suit les traces de son père avec sa propre signature. Le vin est profond, dense, fruité. Bref, encore un grand Beaujolais!