« Cordeloux » 2012 de Pierre Bénetière: le fleuron de la Côte Rôtie

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Certains jours appellent une grande bouteille. La météo capricieuse ayant laissé un moment de répit aux parisiens, l’air doux et la brise d’été nous a incités à ouvrir une belle bouteille, peut-être la dernière avant les chaleurs estivales (quoique…). Nous avons donc décidé d’ouvrir une Côte Rôtie 2012 « Cordeloux » de Pierre Bénetière, vigneron que nous suivons depuis l’ouverture de Mi-Fugue Mi-Raisin, il y a dix ans…déjà.

Nous étions allés à la rencontre de Pierre Bénetière en 2007. Ses vignes nous avaient impressionnés. Il cultivait à l’époque trois hectares (1.5 en Côte Rôtie et 1.5 en Condrieu) surplombant le Rhône. Le site est époustouflant… et la mécanisation impossible. Les vignes en terrasse demandent un effort de travail surhumain et une lutte perpétuelle pour maintenir la structure des murets (appelés « cheys ») sur ces coteaux pentus.

Les vignobles de Côte Rôtie et de Condrieu sont bénis des dieux : la vallée du Rhône septentrionale est dirigée du nord au sud, sauf entre Vienne et Condrieu où la faille prend une direction nord-est sud-ouest. Le vignoble situé sur la rive droite est orienté sud-est et bénéficie donc d’un ensoleillement idéal. Les sols granitiques font le reste pour produire des vins d’une grande finesse et complexité… du moins en principe car la plupart des vins ne sont pas à la hauteur de ce fabuleux terroir. Il faut dire que la tentation de rivaliser avec les « grands » vins de Bordeaux est omniprésente. On retrouve souvent des vins boisés, dilués et sans âme.

Les lecteurs attentifs auront bien noté que Pierre Bénetière s’occupait de trois hectares. Depuis peu il s’est séparé de sa vigne de Condrieu, n’ayant plus que 1.5 hectares de rouge. Il s’agit donc d’un micro-domaine employant deux personnes à temps plein ! Pierre Bénetière ne laisse rien au hasard. Il commercialise ses vins au meilleur moment, et vous vous imaginez que peu de domaines de Côte Rôtie pensent à mettre leur 2013 en bouteilles en juin 2016 ! Il travaille en bio depuis 2003 mais n’est pas certifié car il préfère être dans ses vignes plutôt que de s’enquiquiner avec les organismes divers et variés.

Venons-en au vin. Nos lecteurs savent que nous ne sommes pas dithyrambiques pour des raisons commerciales, ce blog étant un relai de passionnés. Pour le dire sans détour, cela faisait plusieurs mois que nous n’avions pas bu un vin rouge aussi soyeux, élégant, fin et complexe. Dès les premières gorgées ce vin suscite une émotion incroyable. L’ensemble des convives a vite compris qu’il s’agissait d’une bouteille exceptionnelle que l’amateur ne boit pas tous les quatre matins. Comme tous les grands vins, il n’a cessé d’évoluer pendant les deux heures (malheureusement trop courtes) de dégustation. A l’ouverture, il présentait un nez et une bouche de « suie », semblable à certains Cornas, mais avec une structure plus fine. A l’aveugle, certains sont partis directement sur la Syrah alors que d’autres étaient du côté d’un Grand Cru de Bourgogne. Cela dit, même si l’aromatique n’est pas celle d’un Pinot Noir, nous sommes bel et bien sur le toucher de bouche et le soyeux d’un (très !) grand Bourgogne.

Après une heure certains convives percevaient le côté minéral, « caillouteux » digne d’un grand blanc alors que d’autres restaient sur la texture veloutée d’une grande Syrah. Ce vin est un exemple vivant de « prise directe avec le terroir » et l’illustration parfaite de l’acharnement d’un vigneron à respecter et magnifier le terroir.

Certains amateurs nous reprocheront notre enthousiasme face à un vin si « jeune ». Le millésime 2012 fait partie de ces années où la fraîcheur et le finesse dominent le vin, permettant une dégustation « précoce », mais la trame laisse présager au moins deux décennies de plaisir. Nous sommes persuadés que quelques années supplémentaires feront ressortir les arômes tertiaires de ce vin, et réservera pas mal de surprises aux amateurs de « dégustations à l’aveugle ».

Vous l’aurez compris, nous sommes dingues de ce vin et pour le prix de six bouteilles de Mouton Cadet nous sommes sans voix face à une Syrah que nous mettons sur un pied d’égalité avec les Cornas de Thierry Allemand et la Sainte Epine d’Hervé Souhaut.

Un grand merci Pierre Bénetière pour cette incroyable émotion !!

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