Par une soirée fraîche de juillet nous n’avons pas pu résister à la tentation d’ouvrir une bouteille de Pinot Noir 2014 de Stéphan Elzière. Les lecteurs de ce blog connaissent ce jeune vigneron du Puy de Dôme aussi sympathique que doué (si l’article a échappé à votre vigilance, cliquez ici).
Stéphan Elzière est un exemple vivant du vigneron autodidacte. Il n’a suivi aucune formation… juste son intuition qui lui disait de vinifier le plus naturellement et simplement possible. Comme quoi nous ne sommes pas tous égaux face à un domaine aussi complexe que la vinification!
La parcelle de Pinot Noir située à 500 mètres d’altitudes s’étend sur 30 ares… ou 3000 mètres carrés si vous préférez. D’ailleurs à la dégustation on est bien content que tout Paris ne coure pas après les vins de Stéphan Elzière. En plus d’être minuscule, la parcelle est atypique des sols d’Auvergne. Elle est composée de dépôts d’argiles recouverts d’une couche de sables limoneux, avec des granites et des gneiss. Un sol particulier qui confère au vin une grande finesse.
Après l’incroyable Pinot Noir de 2013 (que le vigneron trouvait trop léger mais que nous trouvions trop buvable…), nous appréhendions la dégustation du millésime 2014, réputé plus dense. La gageure consistait à vinifier un millésime plus concentré tout en gardant la délicatesse et l’élégance du Pinot Noir. Stéphan a réussi ce tour de force car le 2014 possède ce côté tout aussi « dangereusement buvable » que le 2013 mais avec plus de fond et de complexité.
Pourtant Stéphan ne vinifie pas ses vins en macération carbonique, un procédé permettant d’obtenir des vins légers et fruités. Au contraire, la récolte est éraflée (sauf le fond de cuve) et les macérations sont longues (un mois pour le 2014) avec la un pigeage le matin et un remontage le soir pendant la dernière semaine. Dans ces conditions on s’attendrait à un Pinot Noir puissant et concentré. C’est pourtant le contraire. A l’ouverture le vin libère des arômes légèrement fumés avec les notes de kirsch tant recherchées par les amateurs de Pinot Noir. Le vin a possède un fruit incroyable tout en ayant une « mâche » que n’ont pas (ou rarement!) les « carbo ». Même si l’on reconnaît immédiatement le Pinot Noir, on devine aisément que le vin n’est pas un Bourgogne. La bouteille fut servie « à l’aveugle » à des amis. La plupart des convives sont partis sur un Pinot Noir d’Alsace (car quand un amateur reconnaît un Pinot Noir atypique de la Bourgogne, il le place « par défaut » en Alsace). Bref, tout en ayant ce côté Pinot que nous aimons tant, le Badoulin 2014 a son caractère à lui, à la fois unique et attachant.
Le Pinot Noir 2014 de Stéphan Elzière est une superbe réussite et au prix d’à peine deux bouteilles de Mouton Cadet, un de nos vins préférés.
Longue vie à Badoulin!…