Comme chaque année début février, l’Anjou attire les professionnels de tous les continents pendant une semaine. Du samedi au lundi les vins « bio » ont la part belle avec cinq salons: Les Greniers St Jean, Les Pénitentes, Les Anonymes, La Dive Bouteille et le dernier né, le salon Demeter… Cinq salons réunissant pas moins de 950 vignerons. Inutile de dire que ce parcours du combattant est vivement déconseillé aux agoraphobes, claustrophobes, vinophobes et hydrophobes (oui, le vin contient de l’eau…).
L’édition 2015 des salons nous a quand même permis de faire de belle découvertes, de revoir les amis-vignerons et surtout de nous faire une idée plus précise sur le millésime 2014… qui s’annonce superbe et pléthorique dans beaucoup de régions. Autre constat: les jeunes vignerons qui poussent aux portes du vin naturel sont de plus en plus nombreux. Que ceux qui pensent que le vin « naturel » est une mode fassent un tour sur les salons l’année prochaine. Nous n’avons jamais goûté autant de jolis vins. Le plus compliqué est de faire un choix dans la masse de vignerons talentueux.
Nous ne pouvons évidemment pas décrire toutes les cuvées mais voici un bref aperçu… et une galerie de portraits.
Au Salon Demeter, Gilles Ballorin faisait goûter ses 2013, notamment un superbe rosé de soif sans SO2 et une cuvée de Pinot Noir en grappes entières « G. Soif » qui mérite bien son nom. Le jurassien Patrice Hugues Béguet est notre dernier sympathique vigneron qui fait des rouges à se damner. Si vous avez la nostalgie du Poulsard d’Overnoy, courrez chez Mi-Fugue vous procurer une bouteille de la cuvée « P pour Patrice » 2013.
Aux Pénitentes les vins de René Mosse sont toujours aussi bons et attachants que le personnage. Chez l’Anglore (Eric Pfifferling, Tavel) le millésime 2014 est tout simplement éblouissant, avec un peu plus de vin cette année (Ouf!). La cuvée « le Feu » 2013 de Dominique Belluard, d’une grande pureté, est un des plus beaux vins blanc de ce salon…avec le Riesling Muenchberg 2012 de Patrick et Mireille Meyer, un vin d’une grande pureté. Benoît Courault proposait ses 2013, d’une grande délicatesse, avec une mention spéciale pour sa bulle « Eglantine » une vraie gourmandise. Manu Lassaigne sortira bientôt un Coteau Champenois blanc 2010, un Chardonnay sidérant qui joue dans la cour des grands Bourgognes.
Aux Greniers Saint Jean deux surprises de taille nous attendaient. La bonne: Manu Houilln et Pierre Overnoy (Jura) qui faisaient goûter leurs nectars (et notamment un sublime Vieux Savagninn Ouillé 2006 qui sortira au printemps). Ils ont passé leur week-end à annoncer aux visiteurs frustrés qu’ils n’avaient pas de vin à vendre. L’autre surprise était le stand de Mme Lalou-Bize Leroy avec des Meursault à plusieurs centaines d’euros et de rouges à plus de mille euros. Au niveau rapport qualité-prix on a vu mieux et on se demande surtout ce que faisait un tel domaine aux Greniers. Le stand de Richard Leroy était aussi pris d’assaut, à juste titre quand on goûte ses Rouliers et Noëls de Montbenault 2013, d’une incroyable finesse. Certes, les vins n’ont pas la même « carrure » que les 2012 mais ils prouvent qu’un grand vigneron peut faire de superbes vins dans un millésime réputé « difficile ». Son voisin et ami Bruno Rochard nous a subjugués avec un Moque-Souris 2013 encore plus fin qu’en 2012 et d’une très (trop!) grande « buvabilité ».
Aux Anonymes Julien Peyras présentait sa cuvée « Gourmandise » à base de Cinsault, un vin tout en fruit ainsi que son « Lo Tarral » à base de Grenache et Syrah plus concentré mais aussi fruité. Belle découverte: un nouveau domaine, Les Herbes Folles, conduit de main maître par Olivier Prunières, proposera un superbe rouge à base de grenache au printemps.
A la Dive bouteille, nous avons ouvert le bal avec Reynald Héaulé, un jeune vigneron hyper-doué. Son « Terre de Silice » 2011 à base de Chardonnay, Meunu Pineau, Sauvignon et Pinot Gris est une merveille de finesse et de complexité. Il peut rivaliser avec un grand Riesling. Sylvain Dittière présentait sa nouvelle cuvée, un Saumur « Les Cormiers »2012 issu d’une belle parcelle. Un vin d’une incroyable fraîcheur, à notre sens encore meilleur que Beaugrands. Les vins de Clément Baraut (Savennières) atteignent en 2013 et 2014 une pureté et une précision bluffantes. Les 2014 d’Etienne Thiébaud (Jura) seront aussi magiques que les 2012, avec notamment un simple Chardonnay rond et fruité et un Chardonnay de Messagelin 2013 tendu, minéral et complexe. Pour finir, nous hésitons à vous parler de Vincent Laval (Champagne) et de son superbe Les Chênes 2010 ou Hervé Souhaut (Ardèche) et sa Souteronne 2014 à base de Gamay, un vin d’une incroyable finesse.